News JVTech « Photoshop vous espionne » : le scandale autour d’Adobe prend une telle ampleur à laquelle le géant américain répond

Publié le 11/06/2024 à 18h30

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L’éditeur de logiciels Adobe est au cœur d’une tornade de mauvaises critiques suite à la récente modification de ses conditions d’utilisation : la firme à l’origine de Photoshop se réserve désormais le droit d’utiliser les créations de ses clients pour entraîner son intelligence artificielle.

À l’heure où des dizaines de milliers d’artistes se sentent menacés par les intelligences artificielles, l’éditeur de logiciels Adobe vient de faire un geste particulièrement choquant à destination des personnes qui utilisent son plus célèbre programme : Photoshop. L’éditeur a, en effet, mis à jour les conditions d’utilisation du logiciel, et pas du tout dans le bon sens.

Une mise à jour des conditions d’utilisation qui passe très mal

Adobe a donc réalisé une mise à jour qui précise que, désormais, l’éditeur se réserve le droit d’accéder aux travaux réalisés par ses clients au sein de ses logiciels, dans le mais de les utiliser de différentes manières, à l’aide de ses technologies de machine learning. De quoi immédiatement faire penser à l’intelligence artificielle générative.

Selon Lifehacker, les modifications dateraient du 17 février 2024, mais elles seraient passées inaperçues jusque-là puis, c’est bien connu, personne ne lit jamais les conditions d’utilisation. Cependant, les utilisateurs de Photoshop ont pu voir un pop-up s’afficher à l’ouverture du logiciel la semaine dernière, et leur surprise a été totale.

« Nous pouvons accéder, voir, ou écouter votre contenu, de manière automatisée ou manuelle, mais uniquement de manière illimitée, et seulement dans la mesure définie par la loi », explique Adobe. La raison avancée : cette manière de surveiller le contenu permet à l’éditeur de « répondre aux demandes d’information ou d’assistance ; détecter, prévenir ou traiter d’une autre manière des questions de fraude, de sécurité, de droit ou de technique ; et faire respecter les conditions d’utilisation ». Mais plus loin, on peut aussi lire qu’Adobe utilise « des techniques telles que l’apprentissage automatique afin d’améliorer les services et logiciels ainsi que l’expérience de l’utilisateur ».

« C’est un suicide d’entreprise »

Sans grande surprise, de très nombreux artistes de tous les horizons se sont immédiatement révoltés contre cette découverte. Relayant l’avis de Duncan Jones, le réalisateur des films Moon et World of Warcraft, l’auteur de comics Bryan Baught n’y est pas allé de main morte : « Adobe flirte avec le suicide d’entreprise avec ces nouvelles conditions d’ utilisation. Aucune société de divertissement ou studio de création ne permettra que ses calendriers de production sacrés soient perturbés plus de quelques jours à cause de cela. Ils vont arrêter d’utiliser les produits d’Adobe, et ils vont trouver une alternative si le problème n’est pas immédiatement résolu. »

Cette situation explose et semble encore plus folle à mesure que vous en lisez. @Adobe flirte avec le suicide d’entreprise avec ces nouvelles CGU.

Aucune société de divertissement ou studio de création ne permettra que ses calendriers de production sacrés soient perturbés plus de quelques jours pendant… pic.twitter.com/Hp5q4K8g3s

-Bryan Baugh (@BryanBaugh) 6 juin 2024

Et effectivement, un artiste du nom de Sam Santala a confirmé que les entreprises exigeaient déjà à leurs collaborateurs de ne plus sauvegarder leurs fichiers au sein du cloud d’Adobe. « Si je comprends bien, je ne peux plus utiliser Photoshop, à moins d’autoriser Adobe à avoir accès à tout ce que je crée, y compris mes travaux pour des projets secrets ? », s’étonnait-il quelques jours plus tôt.

Les créateurs en quête d’alternatives

Face à la débâcle, Adobe a publié un billet de blog destiné à clarifier sa communication. L’entreprise y explique que, selon elle, l’accès aux contenus de ses clients est « nécessaire » pour le bon fonctionnement des logiciels et pour l’utilisation des « fonctionnalités cloud les plus innovantes telles que les filtres neuronaux Photoshop, le mode liquide ou la suppression de l’arrière-plan ». L’objectif est aussi de filtrer des « contenus illégaux » comme les « contenus pédopornographiques » qui nécessairement quant à eux un contrôle humain.

On peut également y lire que « Adobe ne forme pas les modèles Firefly Gen AI sur le contenu client. Les modèles d’IA générative Firefly sont formés sur un ensemble de données de contenu sous licence, tel qu’Adobe Stock, et de contenu du domaine public dont le droit d’auteur a expiré », mais aussi que l’entreprise « ne s « ne s’appropriera jamais la propriété intellectuelle de ses clients ».

Publié le 6 juin dernier, ce communiqué n’a cependant pas éteint totalement l’incendie. Pour preuve, ce message posté le 7 juin sur X, qui liste de nombreuses alternatives aux logiciels d’Adobe. Qu’il s’agisse d’une maladresse de communication ou d’autre chose, une chose est certaine, l’éditeur s’est fait des ennemis, et cela ne devrait pas lui rendre service, à l’heure où l’impact des IA sur les métiers artistiques est plus que sensible.





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