En dévoilant la nouvelle version de son intelligence artificielle générative, Adobe cherche à accueillir de nouveaux utilisateurs au sein de Photoshop.
Adobe avance à très grande vitesse en matière d’intelligence artificielle. Après Premiere, qui permettra de modifier une vidéo à la volée au cours de l’édition, pour modifier son contenu, le modèle de langage maison du développeur de logiciels, Firefly, profite d’une toute nouvelle version, simplement baptisée Firefly 3.
Cette intelligence artificielle générative est pour l’occasion intégrée à Photoshop, alors qu’elle était jusqu’ici disponible sur le web. Sous la forme d’une bêta, elle permet aux utilisateurs du logiciel star d’Adobe de générer des images à partir de prompts – autrement dit une description de ce que l’on veut – sans devoir le quitter.
Rendre Photoshop accessible
Un moyen de fluidifier l’utilisation d’un Photoshop donné à l’IA, d’autant que Firefly a pour lui une adoption bien supérieure à d’autres outils lancés par le passé chez Adobe. Dans une présentation à laquelle Tech&Co a pu assister, on nous a ainsi indiqué que l’adoption avait été dix fois plus rapide que n’importe quelle autre fonctionnalité de Photoshop. L’intégration de l’IA en son sein est donc rapidement devenue une évidence pour ses géniteurs : « Il fallait qu’elle soit là où on en a besoin », nous a confié Stéphane Baril, consultant senior chez Adobe.
Photoshop Firefly 3 © Adobe
La version 3 de Firefly offre sur le papier plus de contrôle et plus de variantes. La netteté des images a également été améliorée pour proposer des définitions toujours plus hautes.
Mais là où Firefly 3 fait fort, c’est dans sa manière qu’il a de prendre la main l’utilisateur. Ce que l’on retient de cette présentation, c’est qu’il y a une volonté d’Adobe de rendre Photoshop plus accessible, malgré son côté « usine à gaz ». Si vous n’êtes qu’un néophyte et que suivre des tutoriels sur Youtube vous faites peur, simplement pour effacer un petit défaut d’une photo, les nouveautés liées à l’IA sont là pour vous rassurer.
Tout démarre avec les invites. Si un utilisateur est en panne d’inspiration, ou qu’il ne sait tout simplement pas quoi demander à l’IA, la banque d’images d’Adobe générée par IA est accessible et propose l’ensemble du prompt utilisé pour les créer .
De plus, il ne s’agit plus uniquement d’un prompt écrit pour, par exemple, générer un fond, ou habiller un animal que l’on aurait au préalable sélectionné. Ici, on peut aussi ajouter dans les tuyaux une image de référence. Prenons l’exemple d’un animal qu’on souhaite voir être habillé en costard. Vous tapez le message « Animal habillé en costard », en ajoutant une photo d’un costume dont vous souhaitez que l’IA s’inspire pour créer une habitude de toute pièce.
Quelques secondes plus tard, le résultat est là. Et il est bluffant. Dans l’exemple montré par les équipes d’Adobe, on pouvait ainsi ajouter un collier de diamant sur le cou nu d’un mannequin, une fois qu’on avait délimité la zone où on voulait voir le collier apparaître. Le tout, en y associant une image d’un collier pour lui dicter la forme et la couleur des diamants.
Photoshop Firefly 3 © Adobe
Le pinceau de réglage vient aussi aider les débutants à s’en sortir, et une fois qu’ils maîtrisent un peu mieux Photoshop, tous les outils du logiciel restent accessibles, comme les calques, qui sont automatiquement créés sur une image générée par l’ IA, et offre donc un moyen supplémentaire pour la modifier et la perfectionner.
Du « contrôle » qui a ses limites
Encore mieux, si on n’est pas tout à fait satisfait du résultat, Firefly vient proposer plusieurs alternatives, et celles-ci sont bien plus nombreuses qu’avant. Dans les résultats, Adobe a également travaillé pour qu’elles soient plus diversifiées et inclusives : « C’est quelque chose sur lequel nous sommes très pointilleux », précise Stéphane Baril.
Les aficionados de Photoshop comme les professionnels ne sont pas oubliés pour autant, Firefly 3 doit être un moyen de « rendre plus rapides certaines tâches ». Un sacré défi.
« Donner plus de contrôle », c’est l’objectif d’Adobe, mais à trop donner de contrôle, on peut aussi se heurter aux limites de l’intelligence artificielle. Questionnée sur le sujet des droits d’auteur, l’entreprise a expliqué être membre de la Content Authenticity Initiative, un groupement d’acteur de l’industrie de l’imagerie, des médias, ou encore de la musique, qui permet de marquer un cliché et de pouvoir le suivre à la trace. Objectif, savoir si un cliché à été modifié via de l’IA, ou utilisé sans autorisation par une personne tierce.
Photoshop Firefly 3 © Adobe
En l’état, si Adobe se revendique du côté des créateurs, il faut néanmoins admettre que rien ne s’oppose au téléchargement d’une photo non libre de droit – par exemple dans le cadre d’une photo montage, pour ensuite que Firefly s’en inspire. « C’est la responsabilité de l’utilisateur », répond un responsable d’Adobe. L’éditeur a néanmoins mis des garde-fous importants dans les invites possibles de son modèle de langage. En clair, vous ne pouvez pas demander de générer des clichés de personnalités, politiques ou autres, et ce, dans l’objectif d’éviter la désinformation ou des montages incluant de la nudité en quelques clics.